Les inégalités socioéducatives en France, sont perçues comme l’un des facteurs d’une crise endémique de l’Ecole (Dubet, 2003) qui repose sur l’évolution globale de la société (massification, marchandisation, consumérisme des parents, inégalités sociales, diplômation…). Afin de limiter les inégalités, les politiques publiques éducatives mettent en avant des logiques compensatoires.

Ainsi, la mise en œuvre de cités éducatives est une nouvelle étape dans l’avènement de nouvelle politique publique (Mons, 2007) en France, qui répondent à une crise sociale endémique, amplifiée au cours de cette dernière décennie. Effectivement, les cités éducatives ont pour vocation de modifier les pratiques professionnelles, en constituant des alliances éducatives républicaines. La principale vocation des cités éducatives est de lutter contre les inégalités de destin au sein de territoires qui cumulent des difficultés scolaires, sociales et urbaines (circulaire 13 fév. 2019).

En réponse à l’amplification des inégalités socioéducatives, il s’agit bien de « faire autrement » avec chacun (Barrère, 2013), en allant vers la constitution de nouvelles pratiques éducatives, construites autour d’un travail partenarial interinstitutionnel. Il s’agit de rendre compte des modifications des pratiques professionnelles impulsées par la mise en œuvre des cités éducatives. Comment les professionnels du territoire vivent-ils cette transformation ?

A partir d’une monographie d’une cité éducative francilienne, il s’agit de rendre compte des pratiques professionnelles antérieures, des pratiques actuelles, et des pratiques souhaitées pour l’avenir, à partir des discours des professionnels concernés. Ces discours sont ceux de professionnels (directeurs de structures socio-éducatives, directeurs d’établissements scolaires, présidents et intervenants d’associations locales, membres du comité de pilotage de la cité éducative) qui ont vu leur quotidien modifié par la mise en œuvre de ce label. C’est à partir d’entretiens semi-directifs (n=15), mais également d’un suivi quotidien de ces professionnels (h=170) que les transformations de leurs pratiques sont appréhendées.

Afin de rendre compte de l’évolution des pratiques professionnelles et de la perception de cette évolution, la communication repose sur la présentation de différents portraits de professionnels (Lahire, 2002), investis au cœur de la cité éducative enquêtée.

Il est intéressant de noter que la mise en œuvre des cités éducatives est une injonction à une transformation des pratiques. Si certains professionnels ont choisi de s’impliquer dans cette démarche partenariale, d’autres professionnels subissent cette modification des pratiques et résistent aux changements (Meunier, 2003).

Ainsi, différentes formes de transformations professionnelles apparaissent, selon les postures choisies par les professionnels de cette cité éducative, mais également selon leurs institutions de rattachement (Starck, 2016). Les professionnels associatifs et municipaux, par exemple, ont majoritairement profité de cette transformation du territoire pour favoriser le travail partenarial, alors que les professionnels issus de l’éducation nationale ont tendance à conserver des pratiques professionnelles inchangées au sein des classes.  

Ces portraits de professionnels permettent de rendre compte d’une diversité de perception et de transformations face à la mise en œuvre d’un seul et même label éducatif.