Ce travail de thèse contribue à la compréhension des processus de territorialisation des politiques éducatives, au prisme du label « cité éducative ». L’enjeu est d’apporter une analyse holistique des politiques éducatives en oeuvre afin de cerner les éléments qui font varier les distances entre les publics ciblés par ces politiques et ceux qu’elles parviennent effectivement à toucher.

Pour ce faire, nous interrogeons d’une part, les tensions, les négociations et les résistances à l’échelle des institutions ainsi qu’à l’échelle des professionnels socio-éducatifs concernés par le label « cité éducative ». D’autre part, nous questionnons la place des jeunes et leurs incidences dans la construction, la négociation ou le remodelage des politiques éducatives qui les concernent.

Ainsi, ce travail de thèse repose sur des immersions ethnographiques au sein de deux quartiers labellisés. Les analyses s’appuient sur des observations quotidiennes au sein des territoires enquêtés ainsi que sur des entretiens réalisés auprès de professionnels, de jeunes et de leurs parents. Cette thèse s’inscrit dans une logique de contrepoint, à partir des récits monographiques des territoires enquêtés.

Ce travail met en évidence, d’une part, les différentes dimensions de la territorialisation des politiques éducatives. Nous appréhendons les défis, les déséquilibres, les freins et les leviers à la mise en oeuvre du label « cité éducative » à l’échelle des instances de gouvernance, puis nous donnons à voir les manières dont les professionnels socio-éducatifs singularisent le label, en fonction des réponses qu’ils apportent aux injonctions, entre résistance et contournement. Nous constatons que le label « cité éducative » répond davantage aux injonctions et aux prescriptions nationales qu'aux besoins et aux spécificités identifiées à l'échelle des territoires. D’autre part, ce travail participe à la compréhension de l’hétérogénéité des « jeunes en cité », et de leur place - laissée ou prise - dans la mise en oeuvre des politiques éducatives. Nous établissons que l'ensemble des jeunes possède une incidence dans la mise en oeuvre des politiques éducatives territorialisées, mais que celle-ci diffère selon leurs profils singuliers, leurs caractéristiques et trajectoires individuelles. En somme, cette thèse apporte un éclairage sur les dynamiques, fonctionnelles ou dysfonctionnelles, qui façonnent la mise en oeuvre et les incidences des politiques éducatives territorialisées.

Mots clés :

territorialisation ; politiques éducatives ; jeunesses ; cités éducatives ; quartier ; participation ; sociabilités ; recours ; gouvernance ; monographie