Les cités éducatives, dernières incarnations des politiques éducatives territorialisées, ont pour vocation d’intensifier les prises en charge éducatives des jeunes de 0 à 25 ans, par une meilleure coordination des dispositifs et des acteurs concernés au sein de territoires sensibles. Le sport constitue une thématique prédominante des projets labellisés dans ce cadre, après la culture, les relations avec les familles et la citoyenneté. Les 177 projets sportifs soutenus en 2022 (ANCT, 2022), participent à l’impulsion d’une démarche partenariale singulière, que nous souhaitons interroger. Comment les professionnels socio-éducatifs s’emparent de la thématique sportive ? En quoi ces projets territorialisés modifient les pratiques professionnelles et, plus spécifiquement, leur capacité à travailler ensemble (Morel, Pesle, 2020) ? À partir d’observations participantes (n=500h) et d’entretiens auprès de professionnels socioéducatifs (n=25) menés dans le cadre de différents projets labellisés “cité éducative”, il s’agit de réaliser un focus sur deux projets : “Sport santé dans ma cité” et “Rouler à vélo”. Depuis leurs conceptions, jusqu’à leurs mises en œuvre concrètes, ces projets contrastés permettent d’appréhender les stratégies partenariales et la place réelle du sport, au regard des professionnels engagés (Greffier, 2014). Certains, conscients des spécificités sportives, s’entourent de professionnels aptes à mener des activités sportives dans une forme de délégation du sport, d’autres font appel à des “prestataires sportifs” ou choisissent de réorienter les projets autour de pratiques ludosportives (Augustin, 2002). De plus, la labellisation « cité éducative » induit l’implication de professionnels représentants des institutions (municipalité, préfecture, éducation nationale) et de professionnels-pivots qui peuvent faciliter ou orienter la réalisation des projets (Bordiec, Pinsolle, Tourneville, 2022). Tant par leurs formes que par leurs fonds, ces projets transgressent les frontières des structures qui les portent, deviennent des espaces interstitiels (Lyet, 2010) au sein desquels les pratiques professionnelles antérieures sont questionnées. Entre répartition légale des missions, coconstructions et résistances, comment ces professionnels voient leurs pratiques professionnelles bousculées, lorsqu’il est question de projets sportifs ?