#5. Vers une participation des publics ...
- lauriegenet
- il y a 5 heures
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Nous proposons ici des pistes pour penser la participation au sein des cités éducatives

Vers une participation négociée : la nécessité de construire des conceptions de la participation partagée ...? 💬
Penser une conception partagée de la participation entre des instances si différentes que sont l'Éducation nationale, les municipalités et les préfectures - ainsi que leurs professionnels à l'échelle des territoires - suppose de sortir des "silos" institutionnels et des conceptions qu'ils sous-tendent.
Pour se faire, il s'agit de :
Mettre à plat les conceptions de chacun, sans jugement ni hiérarchie.
Identifier les points d’accord réels, mais aussi les tensions, les conflits de finalité.
Expliciter les effets attendus : faire participer, d’accord, mais pour quoi faire ? Avec quels publics ? Avec quels effets ?
Ces points de clarification demandent du temps, ou plutôt des temps longs — en équipes, en comités de pilotage, dans des formations croisées — et permettent de passer d'un consensus mou à un objet de questionnements, de débats. C'est en ayant conscience et en acceptant que la participation des publics ne fasse pas l’unanimité… que les conceptions inter-institutionnelles peuvent être travaillées.
La difficulté ici, outre la mise en réflexion collective, réside dans le turnover important des membres des troïkas (et des CPO) au sein des cités éducatives. Par exemple, au sein d'une cité éducative francilienne, les professionnels historiques de la cité éducative, ceux présents depuis son élaboration ... ne sont plus que les chercheurs ! Chacun des postes de la troïka a été occupé par 2, voire 3 professionnels en l'espace de 3 ans. Ces temporalités ne permettent pas l'élaboration conjointe, ni la transmission d'un capital construit et discuté aux successeurs. Si nous prenons ici l'exemple des professionnels à l'échelle des institutions, le même constat est réalisé à l'échelle des territoires !
Si les conceptions de la participation n'atteignent jamais réellement un stade concerté, négocié, il faut tout de même entendre que la question de la participation apparait, certes comme une injonction, mais une injonction que chacun peut rapidement mettre de côté. Les urgences sont souvent ailleurs : rénovation urbaine, trafic de drogues, rixes, climat scolaire, insertion professionnelle... laissant la "participation de côté", alors qu'elle pourrait être au contraire, un puissant levier, transversal.
En somme, si la participation est omniprésente dans les discours, sa mise en œuvre concrète reste largement indéterminée, fragmentée, et souvent déléguée à d'autres. Loin d’un objet discuté collectivement, elle devient un impératif flou que chacun interprète selon sa logique institutionnelle propre. L'absence de confrontation de ces conceptions empêche l'émergence de pratiques concertées et, potentiellement, transformatrices. |
Quelques pistes : Prendre le temps d'échanger et de se former 💬
1. Échanger
La participation est un thème vaste, et souvent un mot "valise". Prendre le temps d'échanger - en équipe ou entre membres de différentes institutions - sur ce qu'est réellement la participation permet d'activer les réflexions. Ces temps de conception peuvent prendre différentes formes : des ateliers d'écriture, des temps de partage de pratique, des ateliers de type post-it... L'enjeu est que chacun puisse exprimer ses conceptions individuelles. Travailler les conceptions autour de la participation est un premier pas vers la mise en œuvre de projets qui placent les publics au centre.
Par exemple, comment vous positionneriez-vous face à cette phrase qui questionne les compétences nécessaires à la participation : « Le public n'a pas encore l'expérience nécessaire pour comprendre tous les enjeux et ne peut donc pas participer à l'élaboration du projet ». Êtes-vous en accord ? En désaccord ? Pour quelles raisons ? C'est en confrontant les points de vue qu'une conception négociée peut émerger entre professionnels. |
L'objectif de ces temps n'est pas d'arriver à un consensus, mais de cerner les conceptions de chacun et de travailler à une conception de la participation qui ait du sens pour l'ensemble des acteurs.
Se former
La formation constitue également un levier important pour penser et construire la participation des publics ! En revanche, se former individuellement n'est parfois pas suffisant. À l'échelle des structures socio-éducatives, des établissements, et d'autant plus, à l'échelle des cités éducatives, les formations ont tendance à être segmentées, sectorisées. Typiquement, "l'aller-vers" n'est pas explicité de la même manière au sein des formations réalisées au sein de l'Éducation nationale que celle réalisée par des employés municipaux. Bien que formés, les professionnels d'un même territoire n'ont pas toujours les mêmes conceptions et n'ont pas toujours acquis les mêmes outils, les mêmes postures.
Une vigilance tout de même ! La participation est encore aujourd'hui pensée comme une manière de faire participer les publics, sans que les publics soient véritablement définis, sans que l'on sache véritablement pour quelles raisons les faire participer. Si se former et échanger sur la question de la participation afin d'acquérir des outils et des méthodes est essentiel, il ne faut pas négliger les questionnements (collectifs) autour de la définition des publics et des effets de leur participation.
Aujourd'hui, l'accompagnement par la recherche permet d'aborder, au cours d'ateliers réflexifs, ces éléments et d'accompagner une évolution partagée des conceptions de la participation.
PS : L'échange et la formation apparaissent ici comme des leviers, mais il nous semble toutefois que se nourrir des propos des jeunes, de leurs besoins, de leurs demandes, si futiles soient-elles, reste la principale manière de soutenir leur participation.
La participation dans les interstices…
La participation des publics n'est peut-être pas telle qu'on l'espérait au sein des cités éducatives. Les cités éducatives ne sont pas aujourd'hui particulièrement vectrices de formes de participation plus efficiente au sein des projets labellisés.
En revanche, il convient peut-être d'élargir la focale : de ces projets labellisés naissent parfois des réflexions et des expérimentations locales, qui, elles, sont sujettes à une participation des publics.
Si nous élargissons encore la focale et que nous regardons à l'échelle du quartier ou de la ville, n'y a-t-il pas une multitude d'instances et de dispositifs, en lien ou non avec les cités éducatives, et qui favorisent la participation des jeunes ?
Nous pourrions encore élargir cette focale, en considérant les réseaux sociaux et la sphère numérique au sein desquels existent également des espaces de participation...
Penser la participation dans le cadre des cités éducatives suppose moins de la décréter que d’en construire, collectivement, les conditions de possibilité. Cela implique d’expliciter les finalités, les publics visés, les effets attendus… mais aussi d’accepter les désaccords, les tensions, les temporalités disjointes, les définitions multiples. Il est nécessaire de prêter attention à ce qui émerge en marge, dans les interstices. Ces formes souvent peu visibles, périphériques aux cités éducatives, rappellent que la participation n’est pas absente — mais qu’elle demande à être reconnue, soutenue et pensée dans ses contextes d’émergence.
Et vous ✍️ : Dans vos pratiques professionnelles, comment concevez-vous la participation des publics ? Avez-vous déjà pris le temps d’en discuter avec vos collègues ou partenaires ? Dans quels espaces percevez-vous des expérimentations participatives ?
N'hésitez pas à partager une phrase, une image, une expérience qui illustre votre conception (ou votre malaise) face à la participation. Parce que c’est en débattant qu’on avance !
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