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Céreq Echanges
Inégalités cumulées et utilisations différenciées des offres socio-éducatives par les jeunes

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Le système éducatif français perpétue toujours des inégalités (Felouzis, 2020), oscillant entre (in)égalité des chances et (in)égalité des places (Dubet, 2011). Les politiques socio-éducatives territorialisées, instaurées dès les années 1980 dans l’objectif de réduire les inégalités socio-éducatives, n’ont pas produit les résultats escomptés. Les jeunes « en cités » continuent de se heurter, davantage que d’autres jeunes, au plafond de verre, limitant leurs perspectives éducatives et professionnelles (di Paola & Moullet, 2023).

Ces inégalités, matérielles ou symboliques, sont multiples et imbriquées, liées à des facteurs structurels, comme le milieu social, le territoire, ou liées à des caractéristiques individuelles ou familiales. Les politiques socio-éducatives compensatoires, qu’elles soient mises en œuvre au sein de l’école via l’éducation prioritaire ou dans les structures culturelles, sportives et artistiques, peinent à compenser ces disparités entre les jeunes.

Nous prenons ici le contre-pied de François Dubet qui écrivait, en 1987, que les jeunes de banlieue « vont dans les mêmes écoles, ont les mêmes loisirs et font les mêmes “conneries” » (Dubet, 1987, p. 21). En effet, le recours aux offres éducatives et de loisirs reste marqué par des inégalités fortes : les familles des strates supérieures ont davantage recours aux offres socio-éducatives structurées et institutionnalisées que les familles des classes populaires (Lebon, 2006).

En effet, le (non)-recours à l’offre socio-éducative est particulièrement hétérogène et dépend de différents facteurs (Warin, 2017) : le non-recours par non-connaissance se produit lorsque les jeunes ne sont pas informés des offres disponibles ou ne sont pas en mesure de s’y inscrire ; le non-recours par non-demande se manifeste par une mise en retrait volontaire des jeunes face aux offres proposées ; le non-recours par non-proposition se produit lorsque les professionnels des territoires ne dirigent pas les jeunes vers les offres qui pourraient leur être destinées ; le non-recours par non-réception se produit lorsque l’offre sociale est connue, demandée par les jeunes, mais que les inscriptions ne peuvent aboutir en raison, par exemple, de la saturation des places disponibles.

Dans un contexte de renforcement et de cumul des inégalités sociales, il est essentiel d’examiner le rôle des dynamiques cumulatives qui freinent l’accès aux offres socio-éducatives. Nous cherchons à comprendre comment différentes formes de vulnérabilités, dans leurs recoupements et leurs superpositions partielles ou totales, influencent le recours différencié des jeunes « en cités » aux offres socio-éducatives.

Nous définirons d’abord les différentes formes de recours et d’inégalités mobilisées dans le cadre de cette analyse, présenterons notre méthodologie d’enquête, puis, à la lumière de profils différenciés de jeunes, nous analyserons leurs pratiques en fonction de ces inégalités cumulées.

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